alentourS



là où tout
hurle
où les vitrines entrent
par les fenêtres
hantent
les courants d’air
au creux des mains
et de la torpeur
des coussins tous cousins
liés ligués
qui noient les minutes vacantes
avec la farine roulé
pané

longer les vitrines la journée durant

là où tout plante
là où toute plante

les poumons respirent gratuitement l’air
et encore sauvage

l’air de rien
loin de cette terre oubliée au sol
par la folle croissance
d’un haricot magique
dont le chapeau cache un lapin à gousset
qui court à sa perte et court à sa perte

là où tout hurle
dans un coussin
là où tout plante
toute plante et les racines dans les eaux mouvantes
arrimées à la houle
dérive avec le plastique maritime
en contrepoint


à cet endroit qui n’est plus ici
qui nous a quitté déjà
et laissé sur le ponton
seul
et qui s’éloigne vers l’horizon
qui tassera le bateau dans son étau
jusqu’à disparaître dans la ligne pure
au loin

où l’horizon rejoint
ne saurait demeurer l’horizon

l’homme toujours devant comme une carotte à son âne

il est là
qui pose son bagage
son langage
en plein désert
installe
son mirage
et déploie autour de lui ses petites règles
comme un héritage de bibelots
appris par cœur
et la poussière
sur eux s’accumule
dans l’indifférence du ciel

il ne vient pas de rien
de rien il ne vient pas

tous ses voyages sont extérieurs

il répète jusqu’à taire la vie même
trop de poésie dans la poésie
trop de pensée dans la pensée
il doit combattre l’identique
qui se loge partout
chaque jour et partout

épuiser l’identique
épuiser l’inertie
épuiser l’immobile
se tourner vers la vie
et enfin vers la vie

travail à temps plein
auquel il tourne le dos

la quantité de poésie dans la poésie
gonfle l’étiquette
comme une enseigne

il est à l’ère des boucles
sa pensée frisée comme le retour
il faut pouvoir tourner
il faut que ça tourne

il n’y a plus de hors-champ
tout est à l’intérieur du cadre
toujours tout le temps

et de fait
dans sa roue
qui ne le mène nulle part
sa pensée sa planète son effort
tournent

court
pour reprendre à l’origine
dont on ne s’éloigne guère
les voyages à deux pas
comme un vinyle rayé
comme un vinyle rayé
les voyages à deux pas
reprendre à l’origine

le monde rayé
l’histoire n’a rien vécu
qui répète et qui saigne